Perspectives économiques et financières – Mars 2025
Ce rapport fournit une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires possibles dans le cadre des politiques actuelles.
Résumé
Le présent rapport fournit une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires possibles dans le cadre des politiques actuelles. Nos perspectives intègrent les données économiques allant jusqu’au 14 février et comprennent les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement dans la mise à jour économique de l’automne 2024.
Étant donné que le niveau d’incertitude varie au gré des mesures commerciales annoncées, notre projection de référence n’inclut pas les droits de douane que les États‑Unis menacent d’imposer, mais prend en considération l’accroissement de l’incertitude économique. Compte tenu des effets possibles sur l’économie canadienne d’un différend commercial avec les États‑Unis, notre évaluation des risques comprend des estimations des conséquences tirées d’un scénario de différend commercial afin d’aider les parlementaires à comprendre ce que d’éventuels droits de douane américains et mesures de rétorsion du Canada signifieraient pour l’économie.
On trouvera ci-dessous un aperçu condensé des Perspectives économiques et financières (PEF) du DPB. Les détails des projections sont fournis aux annexes A à I.
Perspectives économiques
Selon les données récentes, l’économie canadienne, après un ralentissement au cours du troisième trimestre de 2024, a affiché un taux de croissance (annualisé) de 1,8 % au quatrième trimestre, qui s’explique par la consommation soutenue des ménages et l’accroissement des investissements résidentiels[^1]. Nous estimons que le PIB (produit intérieur brut) réel a progressé de 1,3 % en 2024 (voir le tableau 1).
Depuis octobre 2024, nous avons revu à la baisse de 0,5 point de pourcentage nos prévisions de croissance du PIB réel pour 2025 et 2026, principalement en raison d’une croissance démographique plus faible découlant des nouvelles politiques fédérales en matière d’immigration[^2]. De plus, même si aucun nouveau droit de douane n’était appliqué, on s’attend à ce que l’incertitude croissante liée à d’éventuelles mesures commerciales ralentisse les dépenses de consommation et des entreprises. Nous prévoyons toutefois que les faibles taux d’intérêt contribueront à soutenir l’activité économique pendant que les effets des précédentes baisses de taux continuent de se faire sentir dans l’économie. Dans l’ensemble, nous nous attendons à ce que la croissance économique surpasse la croissance de la production potentielle, ce qui atténuera graduellement la stagnation économique pendant la période de projection.
Pendant la deuxième moitié de 2024, le marché du travail a ralenti, le taux de chômage atteignant 6,7 % au quatrième trimestre. Le DPB prévoit que le ralentissement de la croissance démographique fera grimper le taux d’emploi et réduira graduellement le taux de chômage, qui devrait s’établir à 5,5 % à la fin de notre horizon de projection.
L’inflation est revenue à sa cible de 2 % à la fin de 2024[^3]. Le congé temporaire de TVH/TPS offert par le gouvernement a contribué à réduire le taux d’inflation entre décembre 2024 et février 2025. La fin de ce congé causera une légère remontée de l’inflation au deuxième trimestre de 2025. Toutefois, comme l’économie fonctionne actuellement en deçà de sa capacité de production, l’inflation devrait demeurer stable à 1,8 % en moyenne entre 2026 et 2029.
D’après nos prévisions concernant l’inflation et l’écart de production, nous prévoyons que la Banque du Canada réduira à nouveau son taux directeur de 25 points de base au deuxième trimestre de 2025 afin qu’il atteigne son niveau neutre estimé de 2,75 %.
Comparativement à nos PEF d’octobre 2024, et tenant compte des retraitements historiques, nos perspectives pour le PIB nominal — la mesure la plus importante de l’assiette fiscale du gouvernement — sont dorénavant plus élevées. Dans l’ensemble, le niveau du PIB nominal devrait être supérieur d’environ 2 milliards de dollars par an, en moyenne, de 2024 à 2029, que ce qui était indiqué dans nos perspectives d’octobre 2024.
Perspectives financières
Le DPB a préparé ses PEF d’octobre 2024 avant le dépôt des Comptes publics du Canada 2024[^4]. Les résultats vérifiés finaux pour 2023‑2024 montrent un déficit de 61,9 milliards de dollars (2,1 % du PIB), ce qui est nettement plus élevé que notre estimation d’octobre pour 2023‑2024, soit 46,8 milliards de dollars (1,6 % du PIB)[^5]. Comme nous le soulignions dans notre rapport sur l’Énoncé économique de l’automne 2024, cela s’explique principalement par des passifs éventuels plus élevés que prévu.
Nos perspectives du statu quo tiennent compte des nouvelles mesures annoncées dans l’Énoncé économique de l’automne 2024. Celles-ci représentent de nouvelles dépenses nettes de 20,6 milliards de dollars de 2024‑2025 à 2029‑2030[^6].
Pour l’exercice actuel, soit 2024‑2025, nous projetons une diminution du déficit, à 50,1 milliards de dollars (1,6 % du PIB), principalement en raison d’une meilleure croissance des recettes, compensée par des dépenses plus élevées (tableau 2).
En 2025-2026, en supposant qu’aucune nouvelle mesure ne soit présentée et que les mesures temporaires existantes prennent fin comme prévu, le déficit devrait reprendre sa trajectoire descendante. Nous estimons qu’il atteindra 24,6 milliards de dollars (0,7 % du PIB) en 2029‑2030, les recettes augmentant plus rapidement que le PIB nominal, mais les dépenses suivant généralement la croissance économique.
Nous prévoyons que le ratio du service de la dette (soit le rapport entre les frais de la dette publique et les recettes totales) passera à 10,8 % en 2024‑2025, alors qu’il s’établissait à 10,3 % en 2023‑2024 (figure 1). Nous prévoyons que le ratio du service de la dette augmentera encore et qu’il atteindra 11,3 % en 2029‑2030, soit bien au‑dessus de son creux record de 7,0 % enregistré avant la pandémie en 2018‑2019.
En 2024‑2025, nous prévoyons que le ratio de la dette fédérale au PIB diminuera pour atteindre 41,9 %, et continuera de baisser graduellement jusqu’à 39,2 % en 2029‑2030, ce qui est bien supérieur à son niveau d’avant la pandémie, qui était de 31,2 % du PIB. Le ratio de la dette fédérale au PIB devrait être environ identique, en moyenne, de 2024‑2025 à 2029‑2030 que ce qui était indiqué dans nos perspectives d’octobre 2024.
Finances Canada.
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada.
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les données sont présentées par exercice (2024 correspond à l’exercice 2024‑2025). La période de prévision couvre les exercices 2024-2025 à 2029-2030.
Par rapport à nos perspectives d’octobre 2024, nous prévoyons des déficits budgétaires supérieurs de 2,8 milliards de dollars, en moyenne, pour la période de 2024‑2025 à 2029‑2030. Cette augmentation est en grande partie attribuable aux nouvelles mesures annoncées par le gouvernement qui réduisent nos projections relatives aux revenus et stimulent nos projections relatives aux charges de programmes (tableau 3)[^8].
Risques et incertitude
Nos perspectives fournissent une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et financiers possibles dans le cadre des politiques actuelles (c’est-à-dire, selon une base de référence du « statu quo »). Si l’on fait abstraction des risques liés aux droits de douane que les États‑Unis menacent d’imposer et des mesures de rétorsion, nous estimons que les risques qui pèsent sur nos prévisions économiques et financières de référence sont à peu près équilibrés.
Principal risque à la baisse
L’incertitude accrue liée au commerce pourrait avoir une plus grande influence que prévu sur les investissements des entreprises et les dépenses des ménages. Si les entreprises retardent leurs plans d’expansion et que les ménages limitent leurs dépenses discrétionnaires, l’activité économique pourrait ralentir encore davantage que prévu, ce qui entraînerait une plus faible croissance de l’emploi et une baisse de la demande globale.
Principal risque à la hausse
Par ailleurs, si les taux d’intérêt continuent de diminuer ou si la population croît plus que prévu, les dépenses de consommation des ménages et les investissements résidentiels pourraient dépasser les attentes. Un marché immobilier plus vigoureux que prévu, renforcé par des coûts d’emprunt plus bas, pourrait soutenir un élan économique, alors qu’une plus forte croissance démographique pourrait accroître la demande de biens de consommation.
Effets d’entraînement : évaluation de l’incidence de nouveaux droits de douane américains sur l’économie canadienne
Pour illustrer les effets potentiels de mesures commerciales mondiales sur nos perspectives économiques et financières, nous avons simulé un scénario à la baisse fondé sur les cas de figure suivants :
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Les États‑Unis imposent des droits de douane de 25 % sur les importations de produits en provenance du Canada, sauf les produits énergétiques[^9]. Les exportations de produits énergétiques canadiens vers les États‑Unis sont frappées de droits de douane de 10 %.
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Nous supposons également que les États-Unis imposent des droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Mexique, des droits de douane de 10 % sur les importations en provenance de la Chine, ainsi que des droits de douane supplémentaires de 25 % sur l’acier et l’aluminium en provenance d’autres partenaires commerciaux.
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Le Canada, le Mexique et la Chine ripostent en imposant des droits de douane réciproques permanents sur les importations de biens en provenance des États-Unis.
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Les recettes tirées de ces droits de douane sont réinjectées dans l’économie au moyen de paiements aux ménages et de dépenses gouvernementales[^10].
Nous avons utilisé la base de données et le modèle informatique d’équilibre général du Projet d’analyse des échanges mondiaux ainsi que notre modèle macroéconomique pour estimer l’effet de ces mesures commerciales sur le PIB réel du Canada. Notre modélisation montre que ces politiques réduiraient de façon permanente le PIB réel du Canada d’environ 2 % à moyen terme par rapport à un scénario de contrôle dans lequel aucun droit de douane n’est imposé. Une grande incertitude entoure l'impact potentiel des droits de douane, en particulier à court terme[^11]. L'impact pourrait être plus ou moins important en fonction de la sévérité éventuelle des mesures commerciales et de la réponse du Canada.
Perspectives économiques détaillées
Office of the Parliamentary Budget Officer.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Office of the Parliamentary Budget Officer.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Le taux de chômage et les taux d’intérêt (le taux directeur de la Banque du Canada, le taux des bons du Trésor à 3 mois, le taux des obligations du gouvernement à 10 ans) sont des valeurs de fin de période.
Composition du PIB nominal
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Perspectives détaillées des revenus
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué. Le rendement des investissements a été reclassé depuis les autres programmes dans la catégorie des revenus nets des opérations de change et du rendement des investissements.
Perspectives détaillées des dépenses
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Compte des opérations de l’assurance-emploi
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué. La période de prévision s’étend de 2024 à 2032.
Charges de programmes directes
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Perspectives concernant la dette fédérale
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
† Les exigences d’emprunt en vertu de la Loi autorisant certains emprunts concernent la somme de la dette contractée sur les marchés par le gouvernement du Canada et les sociétés d’État mandataires. Ce chiffre peut différer légèrement de ce qui est déclaré dans les Comptes publics, qui comprennent un rajustement pour le coût amorti. Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Comparaison des perspectives par rapport à celles d’octobre 2024
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Comparaison des perspectives par rapport à celles de l’Énoncé économique de l’automne de 2024
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Communications
Citations
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À l’heure où les nouvelles politiques d’immigration du fédéral freinent la croissance démographique, nous nous attendons à un ralentissement de l’activité économique en 2025 et en 2026. De plus, l’incertitude croissante entourant les mesures commerciales est susceptible de freiner les dépenses des consommateurs et des entreprises à court terme. La baisse des taux d’intérêt, cependant, devrait contribuer à soutenir l’activité économique et, ainsi, atténuer progressivement le ralentissement économique.
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Si les politiques actuelles sont maintenues, le ratio de la dette fédérale au PIB devrait diminuer au cours de la période de projection pour atteindre 39,2 % en 2029-2030, ce qui reste bien supérieur à son niveau d’avant la pandémie, qui était de 31,2 % du PIB en 2019-2020.
Directeur parlementaire du budget