Perspectives économiques et financières – octobre 2024
Le présent rapport fournit une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires possibles dans le cadre des politiques actuelles.
Résumé
Le présent rapport fournit une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires possibles dans le cadre des politiques actuelles. Nos perspectives intègrent les données économiques allant jusqu’au 1er octobre. Elles comprennent aussi les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement dans le budget de 2024 et jusqu’au 31 août. On trouvera ci-dessous un aperçu condensé des Perspectives économiques et financières (PEF) du DPB. Les détails des projections sont fournis aux annexes A à I.
Perspectives économiques
L’économie canadienne a dépassé nos attentes au premier semestre de 2024, affichant une croissance trimestrielle moyenne du PIB réel de 1,9 % (selon les taux annuels). La croissance relève en grande partie de la consommation des ménages et de celle des administrations publiques, qui représentent à l’heure actuelle les principaux facteurs de la croissance globale.
Nous prévoyons que la croissance économique ralentira au cours du reste de l’année, à mesure que la contribution des dépenses publiques diminuera. Dans l’ensemble, nous prévoyons que le PIB réel progressera de 1,1 % en 2024. Malgré les récentes baisses de taux établies par la Banque du Canada, les taux d’intérêt resteront élevés pour le reste de l’année et continueront d’exercer des pressions à la baisse sur les dépenses de consommation et les investissements. De plus, nous prévoyons que les investissements en inventaires diminueront la croissance, car les entreprises continuent de réduire leurs niveaux de stocks.
Le marché du travail a d’ailleurs ralenti tout au long de 2024 au même titre que l’activité économique. Le taux de chômage a légèrement augmenté, atteignant 6,7 % en août 2024, car l’amélioration de l’emploi n’a pas suivi le rythme soutenu de la croissance démographique. Nous prévoyons que le taux de chômage demeurera supérieur à 6 % jusqu’à la moitié de 2026, avant de diminuer graduellement à 5,6 % d’ici la fin de notre horizon de projection, ce qui cadre avec la baisse prévue du taux d’activité attribuable au vieillissement de la population et au ralentissement de la croissance démographique (encadré 1-1).
Nous prévoyons que la croissance du PIB réel rebondira à 2,2 % en 2025 (tableau 1), car la baisse des coûts d’emprunt stimule les dépenses de consommation et les investissements des entreprises, et encourage la reprise des exportations. De 2027 à 2029, nous prévoyons que la croissance du PIB réel sera en moyenne de 1,9 %, ce qui est légèrement supérieur à notre estimation de la croissance de la production potentielle (1,8 %) pour la même période.
En août 2024, l’inflation est revenue à sa cible de 2 %[^1]. Maintenant que l’offre est excédentaire et que les prix de l’énergie sont plus bas, nous prévoyons que l’inflation des prix à la consommation continuera de baisser à court terme, pour se stabiliser à 1,9 % en moyenne entre 2026 et 2028.
D’après nos prévisions concernant l’inflation et l’écart de production, nous prévoyons que la Banque du Canada continuera de réduire progressivement son taux directeur jusqu’à ce qu’il atteigne son niveau neutre estimé à 2,75 % au deuxième trimestre de 2025[^2].
Dans l’ensemble, nos perspectives pour le PIB nominal – la mesure la plus importante de l’assiette fiscale du gouvernement – sont supérieures à celles indiquées dans nos PEF de mars 2024. Cette augmentation est principalement attribuable aux révisions historiques de 2023 et à une croissance plus forte que prévu au premier semestre de 2024. Dans l’ensemble, le niveau du PIB nominal devrait être supérieur de 17,4 milliards de dollars par an, en moyenne, de 2024 à 2028, que ce qui était indiqué dans nos perspectives de mars 2024.
En mars 2024, le gouvernement a annoncé son intention de réduire la proportion de résidents non permanents (RNP) dans la population à 5 % sur trois ans. Depuis, le gouvernement a apporté une série de modifications à ses programmes de résidence temporaire dans le but de réduire considérablement l’afflux de RNP.
Dans le cadre de ses projections économiques, le DPB a révisé la composante des RNP de son scénario démographique de référence afin de tenir compte des dernières données démographiques de Statistique Canada et de l’incidence prévue des nouvelles politiques gouvernementales sur les futurs afflux de RNP.
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Dans notre scénario, la population d’étudiants étrangers se stabilisera à environ 1 million au cours de la période de prévision, tandis que le nombre de titulaires de permis de travail devrait diminuer rapidement et se stabiliser légèrement au-dessus de 800 000 d’ici 2027. Enfin, le nombre de demandeurs d’asile resterait stable à environ 400 000.
Cette mise à jour de notre scénario démographique a entraîné une révision à la baisse de nos projections de la taille de la population active canadienne d’environ 1% à partir de 2027, exerçant une pression à la baisse sur la croissance de la production potentielle.
L’atteinte de l’objectif du gouvernement fédéral exigerait une réduction de la population de RNP, de près d’un million de résidents temporaires. La figure E-1 montre que, malgré une forte diminution de la population de RNP au cours des deux prochaines années, notre scénario de référence prévoit que le gouvernement n’atteindra pas l’objectif annoncé.
Toutefois, il est important de souligner que les afflux futurs de RNP sont grandement incertains. Parmi les divers facteurs qui pourraient avoir une incidence sur ce scénario, notons une augmentation de la demande de permis de travail post-diplôme et un afflux plus élevé que prévu de demandeurs d’asile, ce qui représente des risques importants à la hausse.
Perspectives financières
Nos perspectives du statu quo tiennent compte des nouvelles mesures annoncées dans le budget de 2024 et jusqu’au 31 août. Ensemble, les nouvelles mesures représentent de nouvelles dépenses nettes de 44,2 milliards de dollars de 2023-2024 à 2028-2029[^3].
En l’absence de résultats financiers définitifs pour le dernier exercice, nous estimons qu’il y avait un déficit budgétaire de 46,8 milliards de dollars (1,6 % du PIB) en 2023-2024. Pour l’exercice financier actuel, soit 2024-2025, nous projetons une légère diminution du déficit, à 46,4 milliards de dollars (1,5 % du PIB) en raison d’une meilleure croissance des recettes, partiellement compensée par des dépenses plus élevées (tableau 2).
En 2025-2026, en supposant qu’aucune nouvelle mesure ne soit introduite et que les mesures temporaires existantes prennent fin comme prévu, le déficit budgétaire devrait reprendre sa trajectoire descendante. Nous estimons d’ailleurs que le déficit atteindra 22,5 milliards de dollars (0,6 % du PIB) en 2029-2030, alors que la croissance des recettes fiscales devrait suivre l’augmentation du PIB nominal et que la croissance des dépenses de programme devrait rester relativement limitée.
Nous prévoyons que le ratio du service de la dette (soit le rapport entre les frais de la dette publique et les recettes totales) passera à 10,6 % en 2024-2025, alors qu’il s’établissait à 10,3 % en 2023-2024 (figure 1). Comme le taux d’intérêt effectif sur la dette est légèrement plus élevé en 2024-2025, nous prévoyons que le ratio du service de la dette augmentera encore et qu’il atteindra 11,2 % en 2029-2030, soit bien au-dessus de son creux record de 7,0 % enregistré avant la pandémie en 2018‑2019.
En 2023-2024 et 2024-2025, nous prévoyons que le ratio de la dette fédérale au PIB sera 42,2 %. Le ratio de la dette fédérale au PIB devrait ensuite atteindre 39,0 % en 2029-2030, ce qui est bien supérieur à son niveau d’avant la pandémie, qui était de 31,2 % du PIB en 2019-2020. Le ratio de la dette fédérale au PIB devrait être de 0,2 point de pourcentage plus haut, en moyenne, de 2024‑2025 à 2028-2029 que ce qui était indiqué dans nos perspectives de mars 2024.
Ministère des Finances Canada. Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Ministère des Finances Canada. Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les données sont présentées par exercice financier (2023 correspond à l’exercice 2023-2024). La valeur pour l’exercice financier 2023-2024 est une estimation. La période de prévision couvre les exercices 2024‑2025 à 2029-2030.
Par rapport à nos perspectives de mars 2024, nous prévoyons des déficits budgétaires supérieurs de 4,1 milliards de dollars, en moyenne, pour la période de 2023-2024 à 2028-2029. Cette augmentation est en grande partie attribuable aux nouvelles mesures de dépenses annoncées par le gouvernement qui stimulent nos projections relatives aux charges de programmes directes (tableau 3).
L’augmentation des charges est partiellement compensée par l’augmentation des recettes projetées. Si l’on exclut le budget de 2024 et les mesures hors cycle, nos prévisions de recettes fiscales s’élèvent à 5,5 milliards de dollars par année, en totale, ce qui est supérieur à nos dernières PEF. Cela reflète une hausse des rentrées d’impôt sur le revenu des particuliers et des sociétés au cours de la période de prévision[^5].
Risques et incertitude
Nos perspectives fournissent une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et financiers possibles dans le cadre des politiques actuelles (c’est-à-dire, selon une base de référence du « statu quo »). Si l’on fait abstraction des nouvelles mesures qui seront vraisemblablement annoncées dans l’Énoncé économique de l’automne de 2024 du gouvernement, nous estimons que les risques qui pèsent sur nos prévisions économiques et financières de référence sont à peu près équilibrés.
En ce qui concerne les risques à la baisse, nous continuons d’estimer que le risque le plus important est une incidence plus forte que prévu des augmentations antérieures du taux directeur de la Banque du Canada, qui entraînerait des répercussions négatives sur l’économie canadienne et les finances fédérales. En outre, les tensions géopolitiques au Moyen Orient pourraient entraîner une hausse des prix des matières premières et des perturbations dans le transport de marchandises, ce qui augmenterait davantage les coûts d’importation et atténuerait la baisse de l’inflation.
D’un point de vue positif, les dépenses des ménages pourraient être plus élevées que prévu. Cette situation stimulerait la croissance économique et les recettes fiscales fédérales et réduirait l’admissibilité aux prestations fondées sur les ressources.
Pour illustrer l’incertitude relative aux perspectives économiques et financières, nous construisons des distributions de résultats futurs possibles centrées sur notre projection de base. Ces distributions servent alors à calculer des intervalles de « confiance »[^6].
Par rapport à notre projection de base de croissance du PIB réel (1,8 % par année, en moyenne, de 2024 à 2029), les intervalles de confiance de 30, 50 et 70 % illustrés dans la figure 2 sont compatibles avec une croissance annuelle moyenne de ±0,2, ±0,4 et ±0,6 point de pourcentage, respectivement.
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada.
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La période de prévision s’étend de 2024 à 2029.
Compte tenu des résultats économiques possibles associés à notre projection de base, et selon l’hypothèse de statu quo, nous estimons qu’un intervalle de confiance de 70 % situerait le ratio de la dette fédérale au PIB en 2029-2030 entre 34,0 % et 44,5 % (figure 3). Nous estimons qu’il y a 73 % de chances qu’en 2029-2030, le ratio de la dette fédérale au PIB soit inférieur à son niveau de référence de 42,2 % de 2023-2024.
Ministère des Finances Canada.
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
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Les séries sont présentées sur la base d’un exercice financier (2024 correspond à l’exercice 2024‑2025). La période de prévision s’étend de 2024-2025 à 2029-2030. La ligne rouge correspond au niveau du ratio de la dette fédérale au PIB en 2023-2024.
Selon l’hypothèse du statu quo, nous estimons qu’un intervalle de confiance de 70 % situerait le solde budgétaire par rapport au PIB en 2026-2027 (la première année du seuil de déficit de 1 % du PIB établi par le gouvernement) entre un déficit de 1,6 % et de 0,3 % (figure 4). Nous estimons qu’il existe une probabilité de 46 % que le déficit soit supérieur à son niveau de référence de 1 % en 2026-2027.
Pour 2029-2030, nous estimons qu’un intervalle de confiance de 70 % situerait le solde budgétaire entre un déficit de 1,6 % du PIB et un excédent de 0,2 % du PIB. En l’absence de nouvelles mesures, nous estimons qu’il existe une probabilité de 34 % que le déficit soit supérieur à son niveau de référence de 1 % en 2029-2030.
Ministère des Finances Canada.
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Ministère des Finances Canada.
Statistique Canada.
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Les séries sont présentées sur la base d’un exercice financier (2023 correspond à l’exercice 2023-2024). La période de prévision s’étend de 2024-2025 à 2029-2030. La ligne rouge correspond au seuil de déficit de 1 % du PIB du gouvernement (en vigueur en 2026-2027 et pour les exercices suivants).
Perspectives économiques détaillées
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Le taux de chômage et les taux d’intérêts (taux directeur de la Banque du Canada, Taux des bons du Trésor à 3 mois, Taux des obligations du gouvernement à 10 ans) sont des valeurs de fin de période
Composition du PIB nominal
Statistique Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
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Perspectives de revenus détaillées
Ministère des Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
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Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.
Perspectives détaillées concernant les charges de programmes
Ministère des Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
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Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.
Compte des opérations de l’assurance-emploi
Ministère des Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
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Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués. La période de prévision s’étend de 2024 à 2032.
Charges de programmes directes
Ministère des Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
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Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.
Perspectives concernant la dette fédérale
Ministère des Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
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\* Les exigences d’emprunt en vertu de la _Loi autorisant certains emprunts_ concernent la somme de la dette contractée sur les marchés par le gouvernement du Canada et les sociétés d’État mandataires. Ce chiffre peut différer légèrement de ce qui est déclaré dans les Comptes publics, qui comprennent un rajustement pour le coût amorti. Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.
Comparaison des perspectives par rapport à celles de mars 2024
Ministère des Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Ministère des Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.
Comparaison des perspectives par rapport à celles du budget de 2024
Ministère des Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Ministère des Finances Canada.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.
Communications
Citations
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Dans un contexte où l’incidence des dépenses publiques s’atténue et que les taux d’intérêt élevés continuent d’exercer une pression sur les dépenses des consommateurs et sur les investissements des entreprises, nous prévoyons un ralentissement de l’activité économique pour le reste de l’année. La croissance du PIB réel remontera à 2,2 % en 2025, et la Banque du Canada continuera de réduire les coûts d’emprunt, ce qui stimulera les dépenses et les investissements et entraînera un redressement des exportations.
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D’après notre analyse, le gouvernement ne respectera pas son engagement budgétaire de maintenir le déficit sous la barre des 40 milliards de dollars en 2023 2024.
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Exception faite de toute nouvelle mesure ou annonce éventuelle, le déficit devrait diminuer de façon marginale pour atteindre 46,4 milliards de dollars en 2024 2025, tandis que le ratio de la dette fédérale au PIB restera à 42,2 %. Si les politiques actuelles sont maintenues, le déficit devrait diminuer à moyen terme pour atteindre 23,8 milliards de dollars (0,7 % du PIB) en 2028 2029.
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Nous estimons toujours que le plus important risque à la baisse serait que la politique monétaire restrictive de la Banque du Canada ait des incidences plus grandes que prévu sur l’économie canadienne, notamment le logement, ce qui nuirait à celle-ci ainsi qu’aux finances fédérales. Des dépenses des ménages plus élevées que prévu constituent le principal risque à la hausse.
Directeur parlementaire du budget