Perspectives économiques et financières — Mars 2024
Ce rapport fournit une projection de base pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires potentiels dans le contexte actuel des politiques.
Résumé
Le présent rapport fournit une projection de base pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires potentiels dans le contexte actuel des politiques. Nos perspectives intègrent les données économiques allant jusqu’au 20 février. Elles comprennent aussi de nouvelles mesures annoncées par le gouvernement dans l’Énoncé économique de l’automne de 2023 et jusqu’au 1er février. On trouvera ci-dessous un aperçu condensé des Perspectives économiques et financières (PEF) du DPB. Les détails des projections sont fournis aux annexes A à I. Une version accessible des annexes se trouve sur le site Web du DPB.
Perspectives économiques
Les données récentes[^1] suggèrent que l’économie canadienne a stagné au cours du deuxième semestre de l’année dernière, laissant le PIB réel du quatrième trimestre essentiellement inchangé par rapport à son niveau du deuxième trimestre. En termes de croissance annuelle, nous estimons que le PIB réel a augmenté de 1,1 % en 2023.
Nous nous attendons à ce que la croissance de l’économie canadienne demeure léthargique tout au long de 2024 et à ce que la croissance trimestrielle du PIB réel tourne autour de 1 % (aux taux annualisés). La politique monétaire restrictive devrait limiter la croissance des dépenses de consommation au cours de la première moitié de l’année et freiner l’investissement résidentiel tout au long de celle-ci. Nous prévoyons que la croissance des exportations ralentira en réponse au ralentissement de l’économie américaine et que l’investissement en stocks freinera la croissance à mesure que les entreprises reculent dans la constitution de leurs stocks.
Nous projetons une reprise de la croissance annuelle du PIB réel en 2025 à 2,4 %, à mesure que les dépenses de consommation se redresseront et que le ralentissement causé par la baisse d’investissements en stocks se résorbera (tableau 1). De 2026 à 2028, nous prévoyons que la croissance du PIB réel sera en moyenne de 2,1 % par année, ce qui est légèrement supérieur à notre estimation de la croissance de la production potentielle (1,9 %) pour la même période.
Malgré de nouvelles baisses du taux de participation à la population active, le taux de chômage reste élevé, atteignant 5,7 % en janvier, étant donné que la hausse modérée du nombre d’emplois créés est demeurée inférieure à la croissance solide de la population.
Compte tenu de la faiblesse de la croissance économique, nous nous attendons à ce que le taux de chômage augmente, passant à 5,9 % au cours du deuxième semestre de l’année. Nous nous attendons à ce que le taux de chômage s’établisse en moyenne à 5,9 % pendant la première moitié de 2025 avant de baisser progressivement à 5,5 % à mesure que la croissance du PIB réel dépasse celle de la production potentielle sur le moyen terme.
Avec l’augmentation de l’offre excédentaire dans l’économie et la baisse des prix des produits de base, nous projetons que l’inflation des prix à la consommation[^2] reviendra à sa cible de 2 % d’ici la fin de 2024 (sur une base trimestrielle) et s’établira en moyenne à 1,9 % de 2025 à 2027 à mesure que l’économie revient progressivement à sa production potentielle et que l’offre excédentaire diminue.
L’inflation de l’IPC étant en bonne voie de revenir à sa cible de 2 %, nous prévoyons que la Banque du Canada commencera à abaisser son taux directeur en avril cette année[^3]. Nous supposons que le taux directeur sera réduit de 25 points de base à chaque date d’annonce fixée, ce qui ramènera le taux à son niveau neutre estimé de 2,5 % au deuxième trimestre de 2025.
Dans l’ensemble, nos perspectives pour le PIB nominal – la mesure la plus importante de l’assiette fiscale du gouvernement – sont plus faibles que ce que nous avons indiqué dans nos Perspectives économiques et financières (PEF) d’octobre, ce qui est principalement attribuable aux révisions à la baisse de l’inflation du PIB[^4]. Le niveau du PIB nominal, rajusté afin de tenir compte des révisions historiques[^5], devrait être de 23,4 milliards de dollars plus bas, en moyenne, de 2023 à 2028, que ce que nous avons indiqué dans nos perspectives d’octobre.
Perspectives financières
Rappelons que le DPB a préparé ses perspectives d’octobre avant le dépôt des comptes publics 2022-2023[^6]. Les résultats pour l’exercice 2022‑2023 ont enregistré un déficit budgétaire de 35,3 milliards de dollars (1,3 % du PIB) – légèrement inférieur à notre estimation de 38,7 milliards de dollars (1,4 % du PIB) en octobre.
Nos perspectives du statu quo comprennent les nouvelles mesures annoncées dans l’Énoncé économique de l’automne de 2023 et jusqu’au 1er février. Ensemble, les nouvelles mesures représentent de nouvelles dépenses (nettes) de 8,1 milliards de dollars de 2023-2024 à 2028-2029[^7].
Pour l’exercice financier actuel, soit 2023-2024, nous projetons une augmentation du déficit, à 46,8 milliards de dollars (1,6 % du PIB) en raison de la croissance plus lente des recettes et des dépenses plus élevées (tableau 2).
En 2024‑2025, en supposant qu’aucune nouvelle mesure n’est introduite et que les mesures temporaires existantes prennent fin comme prévu, le déficit budgétaire devrait reprendre sa trajectoire descendante pour atteindre 16,9 milliards de dollars (0,5 % du PIB) en 2028‑2029, alors que la croissance des recettes fiscales suit l’augmentation du PIB nominal et que la croissance des dépenses de programme reste relativement limitée.
Compte tenu de la hausse des taux d’intérêt, nous projetons que le ratio du service de la dette (soit le rapport entre les frais de la dette publique et les recettes totales) augmente, passant de 7,8 % en 2022-2023 à 10,2 % en 2023-2024 (Figure 1). Étant donné que le taux d’intérêt effectif sur la dette sera plus élevé en 2024-2025, nous nous attendons à ce que le ratio du service de la dette augmente encore et s’établisse à 10,7 % en moyenne jusqu’en 2028-2029, bien au-dessus du niveau plancher prépandémique de 7,0 % en 2018-2019.
En 2023-2024, étant donné la croissance plus lente du PIB nominal et l’augmentation du déficit budgétaire, nous nous attendons à ce que le ratio de la dette fédérale au PIB augmente à 42,4 %. Nous prévoyons ensuite qu’il augmentera légèrement pour atteindre 42,5 % en 2024-25 avant de baisser progressivement à 39,2 % d’ici 2028-2029, demeurant largement au-dessus de son niveau d’avant la pandémie de 31,2 % du PIB en 2019-2020. Le ratio de la dette fédérale au PIB devrait être de 0,7 points de pourcentage plus élevé, en moyenne, de 2023-2024 à 2028-2029 que ce qui était indiqué dans nos perspectives d’octobre.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les données sont présentées par exercice financier (2023 correspond à l’exercice 2023-2024). La période de projection couvre les exercices 2023-2024 à 2028-2029.
Par rapport à nos perspectives d’octobre, nous prévoyons des déficits budgétaires supérieurs de 7,9 milliards de dollars, en moyenne, sur la période de 2023‑2024 à 2028‑2029. Cette augmentation est principalement attribuable à des révisions à la hausse à notre projection des charges de programme directes (y compris les nouvelles mesures) et les principaux transferts aux particuliers (tableau 3).
Nous avons revu à la hausse nos perspectives pour les autres recettes de 7,0 milliards de dollars par année, en moyenne, afin de tenir compte des revenus d’intérêts et des profits nets (des prêts, des placements et des avances aux sociétés d’État entreprises) plus importants que prévu, ainsi que de la hausse des revenus d’intérêts et des pénalités sur la dette fiscale. Cela dit, la majeure partie de cette révision à la hausse est compensée par des frais de la dette publique plus élevés liés aux exigences d’emprunt accrues pour les opérations non budgétaires[^9].
À l’exclusion des nouvelles mesures et de la révision à la hausse des autres recettes, nos perspectives pour les recettes sont de 1,0 milliards de dollars inférieurs par an, en moyenne, de 2023-2024 à 2028-2029, par rapport à notre projection d'octobre. Ceci est dû à des révisions à la baisse aux recettes tirées de l’impôt sur le revenu des sociétés, ainsi qu’aux droits d’importation, qui sont partiellement compensées par les révisions à la hausse des recettes tirées de l’impôt sur le revenu des particuliers.
À l’exclusion des nouvelles mesures et de la révision à la hausse des frais de la dette publique, nos perspectives pour les dépenses sont de 6,1 milliards de dollars plus élevés, en moyenne, de 2023-2024 à 2028-2029 par rapport à notre projection d’octobre en raison des augmentations des charges de programme directes et des principaux transferts aux particuliers[^10].
Risques et incertitude
Nos perspectives fournissent une projection de base pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires potentiels dans le contexte actuel des politiques (c’est-à-dire selon une base de référence du « statu quo »). En faisant abstraction des nouvelles mesures qui seront probablement annoncées dans le budget de 2024 du gouvernement, nous estimons que les risques liés à notre projection économique et budgétaire de base sont à peu près équilibrés[^11].
En ce qui concerne les risques à la baisse, nous estimons que le risque le plus important est une incidence plus forte que prévu de la politique monétaire restrictive de la Banque du Canada, ce qui aurait des répercussions négatives sur l’économie du pays et sur les finances du gouvernement fédéral.
En ce qui concerne les risques de hausse, nous estimons que le risque le plus important est celui de la croissance des exportations plus élevée que prévu. La croissance solide du PIB réel des États-Unis ne ralentira peut-être pas aussi rapidement que prévu. Étant donné que la faiblesse des prix des produits de base exerce une pression à la baisse sur le dollar canadien, la croissance robuste des États-Unis pourrait mener les exportations canadiennes à dépasser notre projection.
Pour illustrer l’incertitude relative aux perspectives économiques et budgétaires, nous construisons des distributions de résultats futurs possibles centrées sur notre projection de base. Ces distributions servent alors à calculer les intervalles de « confiance »[^12].
Par rapport à notre projection de base de croissance du PIB réel (1,8 % par année, en moyenne, de 2023 à 2028), les intervalles de confiance de 30, 50 et 70 % illustrés dans la figure 2 sont compatibles avec une croissance annuelle moyenne de ±0,2, ±0,4 et ±0,6 point de pourcentage, respectivement. La limite inférieure de l’intervalle de confiance de 70 % en 2024 est compatible avec une baisse de 0,5 % du PIB réel par rapport à son niveau de base de 2023.
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
La période de prévision va de 2023 à 2028.
Compte tenu des résultats économiques possibles associés à notre projection de base, et selon l’hypothèse de statu quo, nous estimons qu’un intervalle de confiance de 70 % situerait le ratio de la dette fédérale au PIB en 2028‑2029 entre 34,3 % et 44,2 % (figure 3). Nous estimons qu’il y a 69 % de chances qu’en 2028‑2029, le ratio de la dette fédérale au PIB soit inférieur à son niveau de référence de 41,7 % de 2022‑2023.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les séries sont présentées sur la base d’un exercice financier (2023 correspond à l’exercice 2023-2024). La période de prévision va de 2023‑2024 à 2028‑2029. La ligne rouge correspond au niveau du ratio de la dette fédérale au PIB en 2022-2023.
Selon l’hypothèse du statu quo, nous estimons qu’un intervalle de confiance de 70 pour cent pour le solde budgétaire en pourcentage du PIB en 2026-2027 – la première année du seuil de déficit de 1 % du PIB établi par le gouvernement – se situerait entre un déficit de 1,6 % et de 0,1 % (figure 4). Nous estimons qu’il y a une probabilité de 38 % que le déficit dépasse son seuil de 1 % en 2026-2027.
En 2028-2029, nous estimons qu’un intervalle de confiance de 70 % pour le solde budgétaire se situerait entre un déficit de 1,4 % du PIB et un excédent de 0,4 % du PIB. Nous estimons qu’il y a une probabilité de 28 % que le déficit dépasse son seuil de 1 % en 2028-2029.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les séries sont présentées sur la base d’un exercice financier (2023 correspond à l’exercice 2023-2024). La période de prévision va de 2023‑2024 à 2028‑2029. La ligne rouge correspond au seuil de déficit de 1 % du PIB établi par le gouvernement (en vigueur à compter de 2026-2027).
Perspectives économiques détaillées
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres du PIB nominal d’octobre 2023 ont été redressés de façon à tenir compte des révisions des données antérieures.
Composition du PIB nominal
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Perspectives de revenus détaillées
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Perspectives détaillées des dépenses
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Compte des opérations de l’assurance-emploi
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué. La période de prévision s’étend de 2023 à 2031.
Charges de programmes directes
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Perspectives concernant la dette fédérale
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
\* Les exigences d’emprunt en vertu de la _Loi autorisant certains emprunts_ concernent la somme de la dette contractée sur les marchés par le gouvernement du Canada et les sociétés d’État mandataires. Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Comparaison des perspectives par rapport à celles d’octobre 2023
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total.
Comparaison des perspectives par rapport à celles de l’Énoncé économique de l’automne de 2023
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total.
Communications
Citations
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Nous nous attendons à ce que la politique monétaire restrictive limite la croissance des dépenses de consommation pendant le premier trimestre et à ce qu’elle freine l’investissement résidentiel tout au long de l’année. À mesure que l’offre excédentaire au sein de l’économie augmente et que les prix des produits de base continuent de diminuer, l’inflation de l’indice des prix à la consommation devrait revenir à sa cible de 2 % d’ici la fin de 2024.
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En excluant les mesures qui pourraient être incluses dans le Budget et en supposant que les mesures temporaires existantes prendront fin comme prévu, le déficit devrait descendre à 40,8 milliards de dollars en 2024-2025, tandis que le ratio dette fédérale-PIB augmentera à 42,5 %. Si les politiques actuelles sont maintenues, le déficit devrait diminuer à moyen terme pour atteindre 16,9 milliards de dollars (0,5 % du PIB) en 2028-2029.
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Nous estimons toujours que le plus important risque à la baisse serait que la politique monétaire restrictive de la Banque du Canada ait des incidences plus grandes que prévu sur l’économie canadienne, notamment le logement, ce qui nuirait à celle-ci ainsi qu’aux finances fédérales. Le plus important risque à la hausse nous paraît être une augmentation plus élevée que prévu des exportations si la croissance du PIB réel des États-Unis ne ralentit pas aussi rapidement que nous nous y attendons.
Directeur parlementaire du budget