Perspectives économiques et financières – octobre 2023
Le présent rapport fournit une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et financiers possibles dans le cadre des politiques actuelles.
Résumé
Le présent rapport fournit une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires possibles dans le cadre des politiques actuelles. Nos perspectives intègrent les données économiques allant jusqu’au 30 septembre[^1]. Elles comprennent aussi les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement dans le budget de 2023 et jusqu’au 15 septembre. On trouvera ci-dessous un aperçu condensé des Perspectives économiques et financières (PEF) du DPB. Les détails des projections sont fournis aux annexes A à I. Une version accessible des annexes se trouve sur le site Web du DPB.
Perspectives économiques
À la suite de la contraction du PIB réel au deuxième trimestre, nous projetons que l’économie canadienne stagnera au cours du deuxième semestre de 2023, avec une croissance moyenne trimestrielle de 0,1 % du PIB réel.
Comme la Banque du Canada maintient sa politique monétaire restrictive afin de rétablir la stabilité des prix, nous prévoyons que les dépenses de consommation demeureront faibles au cours du deuxième semestre de cette année et de la première moitié de l’année 2024. Nous prévoyons que la faiblesse de l’investissement résidentiel se poursuivra jusqu’à la fin de l’année prochaine. L’investissement en stocks continuera aussi de plomber la croissance étant donné que les entreprises réduiront leurs niveaux de stocks.
Nous prévoyons que la croissance annuelle du PIB réel rebondira à 2,4 % en 2025, à mesure que les dépenses de consommation et l’investissement résidentiel se redresseront et que le ralentissement causé par la baisse d’investissements en stocks se résorbera (tableau 1). De 2026 à 2028, nous prévoyons que la croissance du PIB réel sera en moyenne de 2,1 % par année, ce qui est supérieur à notre estimation de la croissance de la production potentielle (1,9 %) pour la même période.
Malgré une baisse du taux de participation de la population active, le taux de chômage a augmenté, passant de 5,0 % en avril à 5,5 % en août, étant donné que les gains modestes en matière d’emploi ont été bien en deçà de la forte croissance de la population.
Avec la stagnation de l’économie, nous projetons que le taux de chômage augmentera à 5,8 % d’ici la fin de l’année. Le ralentissement économique persistant jusqu’à l’année prochaine, nous projetons que le taux de chômage atteindra 6,0 % à la mi-2024 et qu’il demeurera élevé jusqu’au premier semestre de 2025 avant de baisser graduellement à 5,6 % d’ici la fin de la période de projection.
Les pressions à la hausse exercées par les prix des produits de base et par l’inflation sous-jacente devraient maintenir l’inflation des prix à la consommation[^2] au-dessus de la limite supérieure de 3 % de la fourchette de maîtrise jusqu’au deuxième trimestre de 2024.
À mesure que l’économie entre dans une période d’offre excédentaire notable et que les prix des produits de base baissent, nous prévoyons un retour de l’inflation à sa cible de 2 % d’ici la fin de 2024. Elle s’établira ensuite à 1,9 % en moyenne entre 2025 et 2027, à mesure que l’économie retourne graduellement à sa production potentielle, ou capacité de production.
Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada maintienne le taux directeur à 5 % jusqu’au premier trimestre de 2024. L’inflation de l’IPC étant en bonne voie de revenir à sa cible de 2 %, nous prévoyons que la Banque commencera à abaisser son taux directeur en avril 2024. Nous supposons que le taux directeur sera réduit de 25 points de base à chaque date d’annonce fixée, ce qui ramènera le taux à son niveau neutre estimé de 2,5 % au deuxième trimestre de 2025.
Dans l’ensemble, les perspectives pour le PIB nominal – la mesure la plus importante de l’assiette fiscale du gouvernement – sont plus faibles que celles indiquées dans notre projection de mars 2023. Cette baisse est attribuable à l’inflation du PIB plus faible que prévu au quatrième trimestre de 2022 et à une croissance projetée plus faible du PIB réel en 2024 en raison de la politique monétaire plus restrictive que prévu. Le niveau du PIB nominal devrait être 22,7 milliards de dollars plus bas en moyenne de 2023 à 2027 que ce qui était indiqué dans nos perspectives de mars 2023.
Perspectives financières
Nos perspectives du statu quo tiennent compte des nouvelles mesures annoncées dans le budget de 2023 et jusqu’au 15 septembre. Il convient de mentionner que ces mesures comprennent la subvention à la production fournie à Stellantis-LG Energy Solutions et à Volkswagen, ainsi que la bonification du remboursement de la TPS pour immeubles d’habitation locatifs. Ensemble, les nouvelles mesures représentent des nouvelles dépenses (nettes) de 28,6 milliards de dollars de 2022-2023 à 2027-2028[^3].
En l’absence de résultats financiers définitifs pour le dernier exercice, nous estimons qu’il y avait un déficit budgétaire de 38,7 milliards de dollars (1,4 % du PIB) en 2022-2023[^4]. Pour l’exercice financier actuel, soit 2023-2024, nous projetons une augmentation du déficit, à 46,5 milliards de dollars (1,6 % du PIB) en raison de la croissance plus lente des recettes et des dépenses plus élevées (tableau 2).
En 2024‑2025, en supposant qu’aucune nouvelle mesure ne soit introduite et que les mesures temporaires existantes prennent fin comme prévu, le déficit budgétaire devrait reprendre sa trajectoire descendante pour atteindre 8,2 milliards de dollars (0,2 % du PIB) en 2028‑2029, alors que la croissance des recettes fiscales devrait suivre l’augmentation du PIB nominal et que la croissance des dépenses de programme devrait rester relativement limitée.
Compte tenu de la hausse des taux d’intérêt, nous projetons que le ratio du service de la dette (soit le rapport entre les frais de la dette publique et les recettes fiscales) plafonnera à 12,0 % en 2023-2024 (figure 1). Le ratio du service de la dette devrait ensuite diminuer progressivement à mesure que la croissance des frais de la dette publique ralentira et que les taux d’intérêt reviendront à leur niveau neutre, pour s’établir à 11,0 % en 2028‑2029, soit bien au-dessus de son niveau le plus bas enregistré avant la pandémie, à savoir 8,3 % en 2018‑2019.
En 2023-2024, étant donné la croissance plus lente du PIB nominal et l’augmentation du déficit budgétaire, nous nous attendons à ce que le ratio de la dette fédérale au PIB augmente à 42,6 %, avant de baisser graduellement à 37,8 % d’ici 2028-2029, demeurant au-dessus de son niveau d’avant la pandémie de 31,2 % du PIB en 2019-2020. Le ratio de la dette fédérale au PIB devrait être de 0,7 points de pourcentage plus élevé, en moyenne, de 2023-2024 à 2027-2028 que ce qui était indiqué dans nos perspectives de mars.
Ministère des Finances Canada;
Statistique Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Ministère des Finances Canada;
Statistique Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les données sont présentées par exercice financier (2021 correspond à l’exercice 2021-2022). La valeur pour l’exercice 2022-2023 est une estimation. La période de projection couvre les exercices 2023-2024 à 2028-2029.
Par rapport à nos perspectives de mars, nous prévoyons des déficits budgétaires supérieurs de 4,0 milliards de dollars, en moyenne, sur la période de 2022‑2023 à 2027‑2028. Cette révision à la hausse est attribuable aux nouvelles mesures et les perspectives économiques plus faibles, ainsi qu’aux taux d’intérêt plus élevés qui se font sentir sur les frais de la dette publique, qui sont partiellement compensés par des charges de programme plus basses que prévu (tableau 3).
À l’exception des mesures annoncées dans le budget de 2023 et des mesures hors cycles, nos perspectives de recettes demeurent en grande partie identiques. Même si la baisse des revenus personnels et des dépenses de consommation exerce une pression à la baisse sur les recettes, l’augmentation de l’impôt des sociétés et d’autres recettes compensent cette faiblesse pendant la période de projection[^5].
À l’exception des nouvelles mesures, les dépenses ont été, en moyenne, révisées à la baisse de 0,9 milliard de dollars, ce qui est principalement attribuable aux frais de fonctionnement et aux principaux transferts moins élevés que prévu aux particuliers. Cette révision a toutefois été quelque peu compensée par l’incidence des taux d’intérêt plus élevés sur les frais de la dette publique[^6].
Risques et incertitude
Nos perspectives fournissent une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et financiers possibles dans le cadre des politiques actuelles (c’est-à-dire, selon une base de référence du « statu quo »). Nous estimons que les risques pour nos projections économiques et financières de base sont équilibrés dans l’ensemble.
En ce qui concerne les risques à la baisse, nous estimons que le risque le plus important est une incidence plus forte que prévu de la politique monétaire restrictive de la Banque du Canada (notamment sur les ménages et le marché immobilier), qui aurait un impact négatif sur l’économie canadienne et les finances fédérales.
En ce qui concerne les risques à la hausse, nous estimons que le risque le plus important est celui des dépenses plus élevées que prévu par les gouvernements provinciaux et territoriaux. Notre projection pour les dépenses gouvernementales est éclairée par les budgets récents et des mises à jour qui reflètent une croissance limitée des charges de programme. Des dépenses gouvernementales plus élevées que prévu pourraient stimuler l’activité économique.
Pour illustrer l’incertitude relative aux perspectives économiques et financières, nous construisons des distributions de résultats futurs possibles centrées sur notre projection de base. Ces distributions servent alors à calculer des intervalles de « confiance »[^7].
Par rapport à notre projection de base de croissance du PIB réel (1,8 % par année, en moyenne, de 2023 à 2028), les intervalles de confiance de 30, 50 et 70 % illustrés dans la figure 2 sont compatibles avec une croissance annuelle moyenne de ±0,2, ±0,4 et ±0,6 point de pourcentage, respectivement. La limite inférieure de l’intervalle de confiance de 70 % en 2024 est compatible avec une baisse de 0,9 % du PIB réel par rapport à son niveau de base de 2023.
Statistique Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les séries sont présentées en fonction de l’année civile. La période de prévision va de 2023 à 2028.
Compte tenu des résultats économiques possibles associés à notre projection de base, et selon l’hypothèse de statu quo, nous estimons qu’un intervalle de confiance de 70 % situerait le ratio de la dette fédérale au PIB en 2028-2029 entre 33,0 % et 43,2 % (figure 3). Nous estimons qu’il y a 79 % de chances qu’en 2028-2029, le ratio de la dette fédérale au PIB soit inférieur à son niveau de référence de 42,0 % de 2022-2023.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les séries sont présentées sur la base d’un exercice financier (2023 correspond à l’exercice 2023-2024). La valeur pour l’exercice 2022-2023 est une estimation. La période de prévision va de 2023‑2024 à 2028‑2029. La ligne rouge correspond au niveau de base du ratio de la dette fédérale au PIB en 2022‑2023.
Selon l’hypothèse du statu quo, nous estimons qu’un intervalle de confiance de 70 % situerait le solde budgétaire en 2028-2029 entre un déficit de 38,2 milliards de dollars et un excédent de 21,5 milliards de dollars, avec une probabilité de 38 % d’un budget équilibré ou mieux.
Perspectives économiques détaillées
Statistique Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Composition du PIB nominal
Perspectives de revenus détaillées
Finances Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Perspectives détaillées concernant les charges de programmes
Compte des opérations de l’assurance-emploi
Charges de programmes directes
Perspectives concernant la dette fédérale
Comparaison des perspectives par rapport à celles de mars 2023
Comparaison des perspectives par rapport à celles de Budget 2023
Finances Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada;
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total.
Communications
Citations
-
À la suite du recul du PIB réel au cours du deuxième trimestre, l’économie canadienne devrait stagner pendant la deuxième moitié de l’année et la croissance devrait demeurer faible pendant la première moitié de 2024. Le taux de chômage devrait atteindre 6 % au milieu de l’année prochaine et demeurer élevé tout au long de la première moitié de 2025.
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Si on part du principe qu’il n’y aura pas de nouvelles mesures et que les mesures temporaires existantes prendront fin comme prévu, le déficit devrait se creuser pour atteindre 46,5 milliards de dollars en 2023-2024 et le ratio de la dette fédérale devrait s’élever à 42,6 % du PIB. Dans le cadre d'une politique de statu quo, le déficit devrait diminuer à moyen terme, pour atteindre 8,2 milliards de dollars en 2028-29.
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Sur le plan des risques à la baisse, le plus important, à notre avis, serait que la politique monétaire restrictive de la Banque du Canada ait des incidences plus grandes que prévues sur l’économie canadienne, notamment sur le marché immobilier, ce qui nuirait à celle-ci ainsi qu’aux finances fédérales. Pour ce qui est des risques à la hausse, le risque le plus important nous paraît être une augmentation plus grosse que prévu des dépenses des provinces.
Directeur parlementaire du budget